Pourquoi faire ausculter son bébé par un pédiatre ?

Ce petit article pourrait être un dialogue avec un pédiatre, tel qu’il pourrait se dérouler au cours d’une consultation… Mais tel qu’il serait difficile à transcrire dans un article plus exhaustif. Il est fait de réponses simples et concrètes à toute une série de questions que les parents se posent quotidiennement.

pédiatre

Et le pédiatre y apporte les réponses que lui seul, semble être capable de donner. Le rôle du pédiatre est crucial. Il ne sera jamais surestimé. Contrairement nos penseurs politiques et à nos législateurs, il faut souhaiter qu’il devienne de plus en plus important. Ce serait stupide de ne vouloir former que des pédiatres hyper-spécialisés auxquels le généraliste adresserait des enfants ayant des problèmes importants ou sévères. Car cette vision des choses néglige la très grande majorité des questions que posent la surveillance de l’enfant et son développement. Et puis, le généraliste ne peut tout savoir, du nouveau-né au vieillard. Son rôle est déjà bien difficile.

Le rôle du pédiatre

Celui du pédiatre est de connaitre le bébé et l’enfant dans leur globalité… Santé quotidienne, maladies, urgences, développement physique et psychologique avec tout ce que cela comporte. Il semble souhaitable de revendiquer bien haut pour les pédiatres le titre de « spécialiste de l’enfant normal ». Car beaucoup d’efforts ont été consacrés, depuis plus de vingt ans maintenant, pour enseigner aux pédiatres les données essentielles du développement psychologique, partie bien négligée dans l’enseignement officiel, et qu’il n’y a aucune raison de laisser aux seuls psychologues, psychiatres ou psychanalystes. Car c’est le pédiatre, essentiellement, qui voit, suit, surveille, connait l’enfant normal dans ses milieux naturels. D’ailleurs, il n’est que de constater combien ont changé, au cours des trois dernières décennies, les questions posées aux pédiatres. Elles portent maintenant, à près de cinquante pour cent, sur des problèmes de comportement, de sommeil, de scolarité…

Quels problèmes peuvent être diagnostiqués par le pédiatre ?

Il y a quelques années, une enquête a été faite dans les services de PMI, sur 15 000 enfants de 9 mois, 2 ans et 4 ans. Il est apparu qu’à 4 ans, 25 % des enfants avaient des problèmes psychologiques. La clientèle de PMI n’est pas totalement représentative de toute la population française, mais il est frappant de voir que l’on rencontre plus de problèmes psychologiques chez ces enfants que chez ceux de 2 ans. C’est au pédiatre de prendre en charge et de superviser globalement l’ensemble de ces problèmes, en connaissant ses limites bien sûr, et en demandant avis chaque fois que nécessaire.

Les problèmes héréditaires

Il est amené à analyser le comportement de l’enfant au sein de sa famille mais aussi parfois l’enfance de la mère, du père… Voire celle de la grand-mère, car l’enfant reçoit en héritage toute cette histoire familiale. Il est capital de parler à (et avec) l’enfant pour l’aider à garder ou retrouver confiance en lui. Parfois, le fait que les deux parents prennent rendez-vous suffit à avoir un effet thérapeutique. L’enfant se convainc alors que ses parents l’aiment, et c’est fondamental. Mais dès que nécessaire, il est de notre devoir d’envoyer l’enfant consulter un spécialiste. Et le plus tôt est le mieux… Six mois de psychothérapie sont préférables à six ans de psychanalyse à 26 ans…

Se pose alors la question : quel « psy » ?

Cela peut être un pédopsychiatre, un psychologue, un psychothérapeute, un psychanalyste. On a tendance envoyer chez le pédopsychiatre les enfants qui posent des problèmes de diagnostic. On en rencontre beaucoup qui ont des retards de parole, dont on peut se demander s’ils ont des traits psychotiques… Même si la majorité des troubles de la parole à l’âge de 3 ans sont dus à une dyslalie, en rapport ou non avec des problèmes psychologiques qui n’ont rien de gravissime. Si les enfants ou les parents sont réticents à l’idée d’une prise en charge psychologique, il vaut mieux les diriger parfois vers une orthophoniste, car une bonne rééducation a souvent un impact psychothérapeutique. En revanche, lorsqu’on constate un trouble relationnel avec les parents ou une difficulté d’adaptation l’école, il vaut mieux adresser l’enfant à un psychologue ou à un psychothérapeute.

Les prise en charge psychologiques dans notre société

Les mentalités ont, là aussi, beaucoup évolué. Autrefois, quand on parlait de psy, les parents s’inquiétaient, persuadés que le cas de leur enfant était grave. Il n’était pas rare de les entendre dire : « Il n’est pas fou, docteur ? ». Ou ils étaient prompts à se sentir responsables : « Je savais que j’étais un mauvais parent ». Aujourd’hui, ils sont plus sereins et nombre d’entre eux évoquent eux-mêmes la nécessité d’une aide psychologique.

Le rôle de parents

Le pédiatre joue son rôle, essentiel, en aidant l’enfant et ses parents, en faisant comprendre à ceux-ci leur importance considérable et la nécessité irremplaçable de la sécurité affective à fournir durant les premiers mois et les premières années. Base essentielle d’une bonne structuration affective et intellectuelle du petit être en formation. Lorsque leurs enfants sont suivis régulièrement par un pédiatre, les mères comprennent très vite que leur équilibre repose sur la bonne compréhension de ses demandes dans les premières semaines, les premiers mois de sa vie.

Quels sont les besoins d’un jeune enfant ?

Un petit enfant a d’abord besoin de parents avant d’avoir recours la psychologie. Il a fondamentalement besoin d’amour, d’un amour total qui ne demande rien en retour, tout comme il a besoin en même temps de fermeté pour apprendre la loi. C’est le rôle de ses parents de les lui donner. On peut réfléchir à la formule « apprendre la loi » qui a une connotation biblique, mais qui traduit bien cette réalité.

Enfin, la source des troubles de comportement chez le petit enfant, c’est bien souvent l’angoisse. Car tout le développement du petit enfant est une quête d’amour qui se fait dans l’angoisse, une angoisse « inimaginable » (pour les adultes), disait Winnicott. Si nous voulons éviter à la Sécurité Sociale les dépenses inconsidérées liées aux examens abusifs, aux hospitalisations inutiles… Surtout si nous voulons avoir dans dix ans, vingt ans, trente ans, des adultes aptes à répondre aux tâches du nouveau siècle, il faut sauvegarder la pédiatrie générale.

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